Le 30 juin 2023, la Maison de Victor Hugo, musée ouvert en 1903, fête ses 120 ans.
Cette maison, l’hôtel de Rohan-Guéménée située place des Vosges à Paris, où vécut le poète entouré de sa famille entre 1832 et 1848, fut ouverte au public 18 ans après sa disparition.
C’est son fidèle ami Paul Meurice, avec le soutien de la famille Hugo, qui a l’idée novatrice de créer ce musée à l’occasion du centenaire de Victor Hugo en 1902. Chaque année, un public curieux de découvrir le grand homme et de se familiariser avec son œuvre, se presse pour visiter ce lieu unique, premier musée littéraire mais aussi lieu d’intimité de cette figure de la littérature française.
D’une incroyable richesse, les collections conservent des dessins de Victor Hugo, des objets de mémoires et du mobilier parfois créé par Hugo lui-même, des œuvres illustrant ses écrits, des photographies, peintures, sculptures, estampes, manuscrits, archives ainsi qu’une bibliothèque dont les ensembles présentés ici permettent de saisir la diversité, la qualité et l’esprit. Depuis, le musée ne cesse de se développer par des achats et des dons réguliers, fidèle au fil du temps à ses engagements initiaux.
Cette exposition anniversaire est l’occasion de porter un regard sur ces collections et la façon dont elles se sont complétées au fil des ans, à travers plus 230 oeuvres en montrant toute sa diversité : dessins, peintures, photographies, estampes, albums, correspondance, manuscrits, textiles, décors, mobilier, et livres précieux… déployées sur les deux étages du musée.
Braun & Cie
Georges et Jeanne Hugo
d'après la peinture de Charles Voillemot en 1879
vers 1880
Tirage sur papier albuminé
Fonds ancien du musée
Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875)
Allégorie politique avec portrait de Victor Hugo, 1866
Huile sur toile
Don de Jean et François Hugo en 1927
Henri Fantin-Latour (1836-1904)
Le Satyre, vers 1902
La Légende des siècles, XXII,"Seizième siècle. Renaissance – paganisme"
Huile sur toile
Don de Paul Meurice en 1903,
Commande pour l'ouverture du musée
Jean-Jacques Henner (1859-1905)
Sara la baigneuse, 1903
Les Orientales, poème XIX Huile sur toile
Don de Paul Meurice en 1903,
Commande pour l'ouverture du musée
Ce tableau évoque et illustre les premiers vers du poème XIX, "Sara la baigneuse", tiré du recueil de Victor Hugo
"Les Orientales" publié en 1829 :
Sara, belle d'indolence,
Se balance
Dans un hamac, au-dessus
Du bassin d'une fontaine
Toute pleine
D'eau puisée à l'llyssus
Gustave Doré (1833-1883)
La Cour des Miracles, 1859
Notre-Dame de Paris, livre II, chapitre 6
Plume, crayon et rehauts de gouache sur papier
Achat en 2005
Cette scène inspira Gustave Doré par son pittoresque et sa truculence. Ce dessin illustre fidèlement le texte original et représente le moment où Gringoire arrive sur cette place appelée "Cour des Miracles", où on s'apprête à le pendre. Il sera finalement sauvé par Esmeralda qui le prend pour mari. "Il était en effet dans cette redoutable Cour des Miracles, où jamais honnête homme n'avait pénétré à pareille heure [...] ; cité des voleurs, hideuse verrue à la face de Paris ; égout d'où s'échappait chaque matin, et où revenait croupir chaque nuit ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage [...] C'était une vaste place, irrégulière et mal pavée [...]"
Notre-Dame de Paris. 1482 est publié en 1831. L'histoire tragique d'Esmeralda - désirée par le capitaine Phoebus, aimée par le prêtre Frollo et son sonneur de cloches Quasimodo -, dont le personnage principal reste néanmoins la cathédrale de Paris, rencontre la vogue médiévale. Le succès est immense, et le roman suscite immédiatement l'attention des peintres. Les éditions illustrées et les adaptations se succèdent tout au long du 19e siècle, jusqu'à aujourd'hui.
Emeric Timar (1898-1950)
Esmeralda, Quasimodo et Claude Frollo, vers 1942
Frontispice pour le tome 3 de l'édition À l'Emblème du secrétaire
Peinture à la cire sur papier
Achat en 2022
Andréas Lang (né en 1965)
léna, Paris, 2009
Planche de l'album Sous les ogives
Photogravure polymère sur papier
Achat à l'artiste en 2013
Henri Robecchi (1827-1889)
Éléments de maquette en volume pour le troisième tableau "Petit-Gervais", de l’adaptation théâtrale des Misérables par Charles Hugo, 1878
Aquarelle, fusain, crayon et encre, rehauts de gouache
Achat en 2022
Henri Robecchi (1827-1889)
Éléments de maquette en volume pour le troisième tableau "Petit-Gervais", 1878 de l’adaptation théâtrale des Misérables par Charles Hugo, 1878
Aquarelle, fusain, crayon et encre, rehauts de gouache
Achat en 2022
La création française de l'adaptation théâtrale des Misérables par Charles Hugo, avortée en 1871, a lieu enfin à Paris au théâtre de la Porte Saint-Martin en 1878. C'est Paul Meurice qui modifie la pièce, réduite à sa moitié. À la suite de la Commune, les événements révolutionnaires ne sont plus représentés sur scène, aussi le drame est amputé de toute la dernière partie, "L'épopée rue Saint-Denis ". Trois artistes se répartissent les décors : Poisson, Jean-Louis Chéret et Henri Robecchi.
André Devambez (1865-1944)
Je suis Jean Valjean, 1904
Huile sur toile
Don de Paul Meurice en 1903,
Commande pour l'ouverture du musée
Gustave Brion (1824-1877)
Gavroche, 1862
Fusain sur papier
Legs de Jacques May en 1973
Émile Bayard (1837-1891)
Cosette balayant [L'Alouette], vers 1879
Les Misérables, livre 4, partie I, pour l'édition E. Hugues Fusain, pastel et rehaut de gouache blanche sur papier
Don en 1903
Honoré Daumier (1808-1879)
Caricatures du jour, n° 98, 1843
Lithographie en couleurs et gommée
Fonds ancien du musée
Hugo, lorgnant les voûtes bleues, Au Seigneur demande tout bas, Pourquoi les astres ont des queues, Quand les Burgraves n'en ont pas.
Jean-Paul Laurens (1838-1921)
La chute, vers 1888
Illustration pour La Fin de Satan pour l'édition E. Hugues
Fusain sur papier
Don en 1903
Le Pape et La Fin de Satan
Le musée conserve plus de 10000 estampes. Bien que centré autour de Victor Hugo, ce fonds est d'une grande diversité et témoigne autant de l'énorme production de la presse et de l'édition illustrée au 19e siècle que des créations de grands artistes. Récemment objet d'un important travail, il est désormais accessible en ligne sur le portail Paris Musées Collections.
Pour l'évoquer, deux approches de deux artistes que tout oppose sont ici montrées. D'un côté Jean-Paul Laurens (1838-1921), représentant d'un académisme classique, et de l'autre Émile Bernard (1868-1941), le moderniste et symboliste, proche de Paul Gauguin à Pont-Aven, ami de Vincent Van Gogh puis de Paul Cézanne. Tous deux s'intéressent à des poèmes tardifs et peu connus pour en livrer, chacun à sa manière, une vision singulièrement moderne. Le Pape comme La Fin de Satan leur ont inspiré des images qui font corps avec le texte, si visuel et visionnaire, dont elles expriment la force lyrique.
Émile Bernard (1868-1941)
L'Ange Liberté, 1935
Eau-forte et aquatinte sur papier
Don de l'artiste en 1937
Regards d'aujourd'hui
Enregistrer les échos contemporains de l'œuvre de Victor Hugo fait partie des missions du musée. Deux artistes en témoignent dans cette salle. Arnulf Rainer (né en 1929), avec ses "surpeintures" proches de l'abstraction exécutées sur des reproductions de dessins de Victor Hugo, entrées dans les collections pour partie par un achat groupé en 2009, puis grâce à un don de l'artiste en 2012. Et Julius Baltazar (né en 1949), qui a travaillé avec l'écrivain Michel Butor autour de textes de Victor Hugo, qui l'ont inspiré pour des œuvres personnelles. Ce n'est plus l'image réaliste qui traduit les écrits du poète, mais une gestualité expressionniste et onirique qui fait aussi écho à l'œuvre graphique de Victor Hugo, véritablement redécouverte au 20° siècle, et librement réinterprétée ici.
Victor Hugo (1802-1885)
Château sur une colline,
1856-1865
Plume et lavis d'encre brune, encre noire
Crayon de graphite, crayon noir, fusain sur papier beige
Achat en 2000
Victor Hugo (1802-1885)
Un trois-mâts à vapeur,
vers 1856
Plume et lavis d'encre brune, encre noire, crayon de graphite, crayon noir, fusain sur papier beige
Don en 1903
Victor Hugo (1802-1885)
L'Ermitage, 1855
Plume et lavis d'encre brune, encre noire, crayon de graphite, crayon noir, fusain sur papier beige
Don en 1903
Julius Baltazar, peintre et poète, consacre une part importante de son travail à la réalisation de livres d'artistes en collaboration avec de nombreux écrivains. En 2015, il fait don au musée d'un ensemble d'œuvres, fruit de son travail avec Michel Butor, autour de Victor Hugo, exposé en 2015-2016 sous le titre «Hugologie». En 2022, il donne de nouveau huit peintures plus libres mais restant empreintes d'un esprit hugolien, tant sur le plan poétique que graphique. Le poète Victor Hugo demeure en effet une source d'inspiration constante pour l'artiste. Dans ces peintures abstraites, indépendantes de l'iconographie et de l'illustration, Julius Baltazar se tient à la limite de l'allusion. Les titres évoquent Les Travailleurs de la mer tout en suggérant un paysagisme marin abstrait, strié de traits d'encre qui sont comme la métaphore de l'écriture.
Michel Butor (1926-2016)
Série de cartes-lettres à Julius Baltazar
Don de Julius Baltazar en 2015
Anne Slacik (née en 1959)
Album La Pente de la rêverie,
2015-2016
Aquarelle et encre sur papier
Achat en 2016
Peintre et illustratrice, Anne Slacik a composé ici un livre-album écrit et peint. Quinze peintures originales viennent recouvrir le texte du poème "La Pente de la rêverie" de Victor Hugo, tiré des Feuilles d'automne. Cinq versions uniques, numérotées et signées au colophon ont été réalisées pour les éditions Rémy Maure. L'exemplaire numéro 1 est présenté ici et fut conçu à l'occasion de l'exposition "La Pente de la rêverie" qui eut lieu au musée en 2016, consacrée à ce seul poème de Victor Hugo. Dans un rapport direct entre le texte et la couleur, Anne Slacik a choisi de produire ces cinq exemplaires où elle a calligraphié le poème et peint à même les pages.
Michel Butor (1926-2016)
Série de cartes-lettres à Julius Baltazar
Don de Julius Baltazar en 2015
Anne Slacik (née en 1959)
Album La Pente de la rêverie,
2015-2016
Aquarelle et encre sur papier
Achat en 2016
Peintre et illustratrice, Anne Slacik a composé ici un livre-album écrit et peint. Quinze peintures originales viennent recouvrir le texte du poème "La Pente de la rêverie" de Victor Hugo, tiré des Feuilles d'automne. Cinq versions uniques, numérotées et signées au colophon ont été réalisées pour les éditions Rémy Maure L'exemplaire numéro 1 est présenté ici et fut conçu à l'occasion de l'exposition "La Pente de la rêverie" qui eut lieu au musée en 2016, consacrée à ce seul poème de Victor Hugo. Dans un rapport direct entre le texte et la couleur, Anne Stacik a choisi de produire ces cinq exemplaires où elle a calligraphié le poème et point à même les pages.
Victor Hugo (1802-1885)
"Dolmen où m'a parlé la bouche d'ombre",
vers 1855
Plume, pinceau, barbes de plume et encre brune, avec réserve par écran de papier sur papier vélin
Don en 1903
Arnulf Rainer (né en 1929)
Hugo 30 - Sans titre, vers 1998-2002
Technique mixte sur impression laser sur papier
Don de l'artiste en 2012
Arnulf Rainer (né en 1929)
Hugo 53 - Sans titre, vers 1998-1999
Technique mixte sur impression laser sur papier
Achat à l'artiste en 2009
Victor Hugo (1802-1885)
"Vivez" et "Mourez", vers 1856-1857
Pinceau et lavis d'encre brune sur panneaux en bois
Achat par préemption lors de la vente aux enchères Ader Nordmann & Dominique du 23 mars 2023,
L'oeil de Talabardon & Gautier.
Ces deux panneaux de bois peint comptent parmi les œuvres les plus surprenantes de Victor Hugo. Alors qu'il aménage Hauteville House à Guernesey, il fait venir de Paris tableaux et objets dont il récupère les planches des caisses de transport pour y peindre à l'encre. Seuls cinq panneaux de ce type sont connus dont quatre se trouvent désormais dans les collections du musée. "Vivez" et "Mourez" sont les plus ambitieux par leur format et leur sujet. Pour le premier, Hugo représente Goulatromba, personnage picaresque évoqué dans Ruy Blas, selon un dessin ayant appartenu à Léopoldine, sa fille disparue. Il n'est pas étonnant de voir le second panneau placer ce personnage dans un cimetière. Le cycle unissant la vie et la mort est présent dans la décoration de Hauteville House tant dans la salle à manger - où selon une tradition familiale Hugo destinait ces panneaux à servir de rallonges à la table - que dans la galerie de chêne. Ces bois restèrent cependant sans usage décoratif et devenant oeuvres à part entière, ils formèrent un diptyque indépendant, chargé d'un profond symbolisme. Ils sont considérés aujourd'hui comme une des œuvres les plus libres et modernes de l'écrivain.
Arnulf Rainer (né en 1929)
Hugo 50-Sans titre, vers 1998-1999
Technique mixte sur impression laser sur papier
Achat à l'artiste en 2009
Arnulf Rainer (né en 1929)
Hugo 63 - Sans titre, vers 1998-2002
Acrylique sur impression laser sur papier
Achat à l'artiste en 2009
Achille Granchi-Taylor (1857-1921)
Clubin reconnaissant le rocher
Douvres
Huile sur carton, vers 1920-1921
Achat en 2017
Illustration pour Les Travailleurs de la mer (1866)
Achille Granchi-Taylor (1857-1921)
Gilliatt entrant dans la grotte de la pieuvre
Huile sur carton, vers 1920-1921
Achat en 2017
Illustration pour Les Travailleurs de la mer (1866)
Achille Granchi-Taylor (1857-1921)
Gilliatt et la pieuvre
Huile sur carton,
vers 1920-1921
Achat en 2017
Illustration pour Les Travailleurs de la mer (1866)
Achille Granchi-Taylor (1857-1921)
La mort de Gilliatt
Huile sur carton, vers 1920-1921
Achat en 2017
Illustration pour Les Travailleurs de la mer (1866)
Nouvelle acquisition
Alexandre Cabanel (1823-1889)
Le Titan
Huile sur toile,
vers 1884
Fonds ancien
Illustration pour le poème de La Légende des siècles (1859-1883)
https://www.maisonsvictorhugo.paris.fr/paris/expositions/la-maison-de-victor-hugo-fete-ses-120-ans-du-musee
https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/recherche?keywords=victor%20hugo
© maison Victor Hugo Paris